Frères et sœurs,

Les lectures de ce dimanche mettent en scène deux récits très connus sur le thème de l’accueil.

Dans la première lecture, Abraham offre l’hospitalité à Dieu lui-même, qui se présente sous les traits de trois voyageurs étrangers.

Dans l’Evangile, on voit Jésus bénéficier de l’hospitalité des deux sœurs, Marthe et Marie, dans leur maison de Béthanie.

Dans les deux cas, Dieu lui-même rend visite à l’humanité ; que ce soit au chêne de Mambré ou à Béthanie, la visite est une bénédiction.

En poursuivant sa route vers Jérusalem, Jésus fait halte chez Marthe et Marie.

Marthe, la première, accueille le Seigneur puis se laisse accaparer par les multiples occupations du service … Sa sœur se tient au pied de Jésus et l’écoute …

Un bref dialogue s’engage alors entre Jésus et Marthe qui s’étonne de ne pas être aidée à faire le service ; la dernière réplique de Jésus est surprenante : « Marie a choisi la  meilleure part ! ». Qu’est-ce que cela veut dire ?

A première vue, la demande de Marthe peut nous sembler justifiée, elle est seule à travailler et Marie pourrait bien l’aider …

Il y a cependant dans sa manière de parler, une intention qui dépasse la simple requête de partage des tâches, elle exprime une sorte de mécontentement : « Cela ne te fait rien ? Ma sœur me laisse seule à faire le service. Dis-lui donc de m’aider ».

Elle s’adresse à Jésus plutôt que d’intervenir directement auprès de sa sœur.

Peut-être pense t-elle que sur un ordre de Lui, Marie lui aurait prêté main forte … Mais pour autant, la réponse de Jésus n’en reste pas moins surprenante : « Tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses … ».

Le soin qu’elle porte aux choses pour améliorer l’accueil, prend trop de place par rapport à l’essentiel et l’essentiel est d’être auprès de Jésus et de l’écouter.

En refusant d’intervenir pour donner un quelconque ordre à Marie, Jésus manifeste ainsi qu’il ne peut pas se rendre complice d’une intention qui n’était pas inspirée par l’amour.

L’expérience de Marthe peut être aussi la nôtre, spécialement lorsque nous estimons être les seuls à œuvrer comme il se doit.

Nous connaissons tous les réflexions du type : « C’est toujours les mêmes qui font tout » !

Une chose est pourtant nécessaire : « Servir le Seigneur » et non pas « Se servir du Seigneur ».

Il ne faut donc pas voir dans cet épisode une opposition radicale entre action et contemplation ; l’enjeu est autre, comme nous venons de le constater.

Le cas d’Abraham est significatif à ce propos : il agit et il contemple tout à la fois.

Il court au-devant de ses visiteurs, se prosterne, les invite à rester, leur fait porter de l’eau, leur lave les pieds et les fait s’étendre sous l’arbre de Mambré.

Il intervient auprès de sa femme et de ses serviteurs pour qu’ils l’aident à la tâche de l’accueil.

Il n’en perd pas pour autant l’intention de départ de rester auprès de ses invités pour être disponible au service ou à l’écoute.

Il n’attache aucune importance à lui-même, il ne cherche en aucun cas à mettre en avant le souci qu’il a de servir ces trois hommes mystérieux … Il est simplement disponible ; il a pris part à l’essentiel, et cette part ne lui a pas été enlevée …

L’enfant de la promesse prendra corps dans le sein de Sara, sa femme.

Frères et sœurs, ne sommes-nous pas invités à la conversion ? à un changement de mentalité dans notre façon de concevoir l’accueil ou l’hospitalité ?

Une chose est certaine, le Seigneur passe et souhaite nous visiter.

L’essentiel sera de ne pas lâcher la meilleure part.

Saint Paul écrit aux Colossiens (dans la deuxième lecture) : « Le Christ est au milieu de vous, Lui, l’Espérance de la gloire !»

Il nous faut donc l’accueillir comme il se doit, dans l’action et dans la contemplation, sans se préoccuper de se faire valoir ni dans l’une, ni dans l’autre.

Chers amis, avec Abraham et Sara, avec Marthe et Marie, Dieu nous appelle à l’hospitalité.

Peu importe que nous ne soyons pas à la hauteur. Ce qui importe, c’est l’hospitalité à celui qui nous visite (homme ou Dieu).

Ce qui importe, c’est le cadeau à recevoir … la grâce de la visite bien sûr, la surprise de la vie qui s’y donne… mais d’abord l’hôte lui-même (homme ou Dieu).

Alors, en cette Eucharistie, demandons cette grâce de l’hospitalité, cette grâce d’être accueillant pour ceux qui nous visitent et ceux qui nous visiteront, nos frères et sœurs humains, bien sûr, mais aussi Dieu lui-même, dans l’ordinaire de nos jours.

Avec Abraham et Sara, avec Marthe et Marie, chacun à notre manière, faisons une place à l’autre, accueillons sa venue comme une grâce.

Alors, retentira pleinement en nous l’annonce de saint Paul : «Le Christ est parmi vous, Lui, l’Espérance de la gloire ! » Amen !